Grand Angle Productions
Dans l'œil des RG
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Des décennies durant, les policiers des Renseignements Généraux ont voulu tout savoir sur tout le monde. Au nom de la République bien sûr. Mais toujours au service du pouvoir en place. Pour la première fois de nombreux acteurs de cette police très politique livrent leurs petits et leurs grands secrets, dévoilant un pan de la face cachée de la Vème République, celle qui ne figure dans aucun manuel d’histoire.
Traumatisés par les événements de mai 68, le gouvernement gaulliste érige, dès la fin des émeutes, les groupuscules d’extrême-gauche en nouveaux ennemis de l’Etat. Les policiers des Renseignements Généraux sont chargés de les pourchasser non sans raison puisque les maoïstes de la Gauche Prolétarienne avaient bien, à l’époque, l’intention d’avoir recours à la violence et qu’Action Directe passerait bientôt à l’action.
Mais, saisi d’une certaine forme de paranoïa, le service se met à espionner toute personnalité soupçonnée de la moindre sympathie avec l’extrême-gauche, sans exception. Même les plus pacifiques. Des grandes voix de l’opinion française des années 70 comme le futur Premier ministre Michel Rocard, ou des figures de proue des arts et de la culture comme Yves Montand ou Jean-Paul Sartre entrent dans la ligne de mire des RG. Ils sont infiltrés, leur vie privée passée au peigne fin. Pour rien.
Au fil des ans, les Renseignements Généraux deviennent une vraie petite police politique à la française. Un humoriste comme Coluche, qui dérange le pouvoir giscardien finissant, va l’appendre à ses dépens. Et l’arrivée de la gauche au pouvoir ne met pas fin aux dérapages du service.
Sous l’influence d’Yves Bertrand, un nouveau directeur particulièrement machiavélique, de nouvelles techniques, plus subtiles mais également plus perverses se mettent en place rue des Saussaies, le siège des Renseignements Généraux. La manipulation et l’intox à grande échelle à coups de vrais-faux sondages, de chantage à la vie privée ou de pression sur la justice deviennent monnaie courante. Redoutés par tout le personnel politique, les RG deviennent les arbitres de l’ombre de la vie publique.
Dirigé d’une main de fer par un patron devenu l’homme de main du pouvoir chiraquien, les RG font tout pour faire trébucher le Premier ministre de cohabitation Lionel Jospin en multipliant les coups tordus contre lui. Mais ils n’arrivent pas à bout de l’autre « meilleur ennemi » de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy. Sitôt installé Place Beauvau, les sarkozystes vont au contraire mettre les RG à leur service. Une tâche facilité par leur grand succès de cette époque : l’arrestation d’Yvan Colonna. Cette authentique réussite policière facilite la poursuite des mauvaises habitudes prises par le service : écoutes sauvages, espionnage des opposants et même des alliés du pouvoir, exploitation de la vie privée : Ségolène Royal ou Rachida Dati, par exemple vont en faire les frais. Des bavures qui seront finalement être fatales aux RG. Mais même aujourd’hui démantelés, ils restent une légende et un symbole, celui du côté obscur du pouvoir.
? Une série documentaire diffusée en trois épisodes inédits sur France 5 :
Dimanche 31 octobre
- 20h55 > La République des coups tordus — 1981-1997
- 21h50 > Au service du Président — 1997-2008
Dimanche 7 novembre
- 16h25 > Tous des gauchistes — 1968-1981
Galerie d'images
Fiche technique
Une série documentaire de Olivier Toscer
Co-réalisée avec David Vercaemer
Produite par Jean-Luc Millan et Jean-Louis Pérez
Une coproduction Grand Angle Productions, INA
Avec la participation de France Télévisions et le soutien de la Région Ile-de-France
Directrice des Documentaires de France Télévisions : Catherine Alvaresse
Pôle Histoire et Culture : Emmanuel Migeot, Louis Castro